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Livres et cie - Page 9

  • Avis sur A dégager voie douze, d'Alain Roger

    voie.JPGVilleneuve a perdu son maire, Jacques Dumesnil. Entouré de notables aux dents longues et flirtant avec les idées de l’extrême-droite, l’édile n’est guère sympathique. L’intrigue prend pourtant vite. Est-ce un rapt, un meurtre ? Une disparition liée aux spéculations immobilières de l’équipe municipale au pouvoir ? Une sordide machination politique liée aux plans de restructuration de la ville ?

    Sauveur Kermahé, jeune lieutenant de police fraîchement émoulu de Bretagne, est chargé de l’enquête. C’est à travers ses recherches que l’on découvre la ville à laquelle il est peu attaché, ses différents quartiers, sa sociologie et ses curiosités de cité décatie par l’industrialisation et l’implantation de l’aéroport d’Orly. 

    Le Nantais a du flair et pressent vite que la mort de Nasser, tenancier d’un bar un brin interlope, n’est pas sans rapport avec la disparition du maire. L’enquête, dont les détours semblent mener vers la gare de triage et ses vieux cheminots parfois toqués, se complexifie... C’est qu’on ne parle pas au jeune provincial qu’est Kermahé ; face aux flics on se tait, c’est l’omerta et le code d’honneur.

    A quand la suite des aventures du subtil Kermahé Monsieur Roger ?

    Alain Roger, A dégager voie douze, Editinter, 2005, 215 p.

     

  • La carte et le territoire - Michel Houellebecq

    La sortie d’un nouveau livre de Michel Houellebecq est toujours un événement. Impossible de passer à côté. La machine médiatique s’empare du phénomène et l’écrivain, malgré quelques passages télé plutôt ratés, fait parler de lui. Cette année, avec la carte et le territoire,  ne fait pas exception, car elle voit l’auteur couronné du prestigieux prix Goncourt 2010.

    Michel Houellebecq laisse rarement indifférent. On adore ou on déteste, on le lit avec passion ou on le fuit, on le respecte ou on a envie de voir son nom disparaitre des rayons de librairies. Pur génie pour les uns, supercherie littéraire pour les autres, l’auteur est devenu incontournable. Pour ma part, si je pense que Houellebecq mérite amplement le prix Goncourt pour son travail d’écrivain, je suis nettement moins convaincu que c’est avec ce dernier opus qu’il devait être consacré.

    Après nous avoir parlé dans ses précédents ouvrages du tourisme sexuel, du clonage humain, de la déshumanisation du monde de l’entreprise, en une sorte de carte de voeux 2020 ,  Houellebecq aborde ici le monde de l’art. Son héros, Jed Martin, est un artiste dont le succès arrive en photographiant des cartes Michelin. Hétéroclite, le reste de son oeuvre sera faite de peintures, telles que « Bill Gates et Steve Jobs s’entretenant du futur de l’informatique », toiles qui s’enlèveront à prix d’or, et dont le summum sera atteint quand il se décidera à peindre Houellebecq lui-même.

    L’auteur se met donc en scène, avec humour, se moquant de sa propre personne ainsi que d’autres personnalités comme Beigbeder ou Umberto Eco pour ne citer qu’elles. Toujours aussi cynique sur la société, carte.JPGdans la carte et le territoire , Houellebecq nous dépeint des rapports humains assez sombres. Jed Martin passe le réveillon avec son père, la plupart du repas se déroulant en silence; il partage un temps des moments intimes avec Olga, une Russe magnifique (relation peu crédible néanmoins), avant qu’ils ne se séparent; il voit son existence profondément troublée par un chauffe-eau défaillant, seul élément qui semble vraiment l’émouvoir… Bref, Houellebecq nous offre encore ici une vision désabusée du monde.

    Pourtant, ce livre se détache quelque peu des précédents. Moins de sexe, moins provocant, moins glauque, moins politiquement incorrect… mais moins d’émotions aussi. Le roman est froid, distant. Si les livres de Houellebecq ont toujours mélangé l’aspect romanesque aux réflexions de société, le dosage parait moins réussi ici, ne parvenant qu’à distiller un léger ennui. Et on se retrouve comme son héros, un peu désabusé, attendant que ça passe, poursuivant une lecture sans joie. J’ai cependant trouvé la troisième partie plus réussie, j’y ai retrouvé un Houellebecq plus percutant, plus incisif dans sa démarche. Hélas, le bilan global est décevant.

     Malgré tout, les critiques (du métier, de vrais professionnels quoi !) sont plutôt élogieuses. N’oublions pas non plus ce fameux prix littéraire qu’est le Goncourt. Difficile de comprendre… Après avoir été malmené par une presse parfois assassine (qui visait plutôt l’auteur, il est vrai), voici qu’un roman moins percutant reçoit des louanges de tous bords. Bref… Malgré un tapage médiatique qui le dessert quelque peu, Michel Houellebecq reste un grand écrivain dont l’intérêt principal est cette vision de notre société qu’il nous dépeint sans concession. Rien que pour ça, il mérite d’être lu.

     

    La carte et le territoire - Michel Houellebecq Ed. « Fammarion« , 428 pages

  • La Horde du Contrevent - Alain Damasio fin

    suite de la chronique sur cet ouvrage : La Horde du Contrevent - Alain Damasio


    Mais ce qui frappe le plus est la richesse de l'écriture. Alain Damasio a dû réinventer un langage pour cette immense aventure épique. Ce monde ne peut être décrit avec des mots ordinaires, il fallait en inventer d'autres, des plus spécifiques et dont le son rappellera toujours la signification du terme en question, afin d'immerger le lecteur totalement dans cette histoire. A croire qu'il s'agît plus de poésie en prose que d'autre chose. Les néologismes affluent, de même que les détournements de sens. Ponctuations, syntaxes, ..., tout y passe pour être détourné dans le sens de cet univers. Ce style rend l'immersion au départ de la lecture plutôt difficile, mais petit à petit le lecteur s'y fait commence à réellement apprécier ce style au bout de quelques pages.


    Autre originalité de ce roman est la numérotation inversée des pages, dont le sens devient vite prévisible au lecteur et qui se confirmera uniquement dans les dernières pages du livre.
    Les événements que va vivre la Horde, ainsi que les obstacles qu'elle doit surmonter sont souvent d'une grande originalité. Obstacles qui sont parfois de facture classique : manger, combattre, affronter un environnement hostile... Parfois moins : chrones, tour Fontaine, duel verbal à Alticcio... Et puis, au fur et à mesure que la Horde progresse, il faut aussi affronter le doute, qui mine les esprits des uns ou des autres, trouver de nouvelles sources de motivation, de volonté, pour poursuivre le périple. Cela se transforme finalement en véritable récit d'apprentissage pour ces 23 personnages. Cependant toutes les aventures vécues ne susciteront pas toujours le même intérêt auprès du lecteur.

  • Naissance d'un pont - Maylis de Kerangal

    pont.JPGTout avait pourtant mal commencé avec ce livre Naissance d'un pont. Les premières pages me laissent une impression désagréable et je me dis alors que le roman ne va pas me plaire. Les phrases sont longues, très longues, et le style est tellement ampoulé qu’il gêne la lecture. Et puis, étrangement, une fois le prologue passé, les choses s’améliorent. Elles s’améliorent même beaucoup puisque le roman a réussi à me captiver d’un bout à l’autre.

    L’histoire est donc celle de la construction d’un pont. Une ville imaginaire au nom d’une célèbre boisson gazeuse, Coca, qui amène à elle toute une population en quête de travail. Ouvriers, cadres, soudeurs, grutiers, ingénieurs arrivent par flots pour profiter de cette opportunité qu’offre le nouveau pont. Une épopée donc. Parmi toute cette masse de travail en mouvement, nous suivrons une dizaine de portraits auxquels il est difficile de ne pas s’attacher.

    « A présent donc, la lumière est de retour. Elle gicle au détour d’une poutre, d’un caisson, ricoche sur les rivets, et quand un rayon de soleil passe à travers les charpentes et tape dans les visages, c’est l’aveuglement, c’est le corps qui vacille. »

    Un des intérêts du roman Naissance d'un pont réside dans le sujet traité. On découvre les difficultés - parfois faramineuses – qui se cachent dans la construction d’une telle ampleur : prouesse technique de l’ouvrage, conflits humains au coeur du chantier, combat écologiste des défenseurs de la nature, propriétaires de ferry-boats voyant d’un mauvais oeil cette nouvelle construction qui menace leurs petites affaires… les difficultés ne manquent pas et les ennemis non plus. L’auteure évite la lourdeur d’un tel sujet en passant d’un protagoniste à l’autre sans jamais perdre son lecteur. De fait, c’est à une fresque humaine que nous assistons. Les passions qui s’animent, les corps qui se dépassent, qui trinquent, qui s’aiment ou qui se heurtent, c’est la vie exacerbée qui se montre tandis que l’on relie les deux rives.

    Mais à côté du sujet, le grand atout du livre réside dans son écriture. Une écriture dense et foisonnante, mais terriblement belle. Le tout est très travaillé, parfois peut-être trop (?). Pas de naturel ici, chaque mot est pesé, placé, pensé, rien n’est laissé au hasard. Rien à voir avec un premier jet ! C’est même tout l’inverse. Reste que si cette écriture est parfois agaçante, car elle peut paraitre prétentieuse, on ne peut nier que l’auteure écrit bien. Très bien même. C’est beau, c’est poétique, c’est une écriture qui vous transporte, et cela, sur plus de 300 pages !

    Naissance d'un pont - Maylis de Kerangal, folio gallimard

  • avis sur le livre : Un secret de Philippe Grimbert

    secret.JPGCe roman explore les mystères et les méandres de l’enfance, à travers l’histoire vraie de Philippe Grimbert, qui va voir toutes ses illusions et sa famille en apparence idéale s’effondrer à cause d’un lourd secret. Et l’on découvre que, en voulant cacher son histoire à un enfant, on lui créé toutes sortes de problèmes psychiques, car même tues, les histoires cachées sont là, tapies.

    Le format très court du récit ne laisse aucune langueur s’installer chez le lecteur. Au contraire, tout va très vite, pas de détails superflus. Mais toujours avec une écriture pleine d’émotion et proche du lecteur car le roman est écrit à la première personne du singulier.
    Cet ouvrage, c’est le parcours d’un enfant sur les traces de son passé, c’est l’affrontement avec les démons du passé et la douleur des parents, et c’est les ravages que la guerre a laissé aux survivants.

     

    En ouvrant ce livre, je ne m’attendais pas à un roman autobiographique. Cela lui a donné encore plus de poids. Un livre très rapide à lire mais difficile à refermer.

  • L’astrologie populaire

    L'astrologie, comme tous les savoirs mystérieux qui surgissent d'un passé dissimulé par le brouillard du temps, est un domaine sur lequel, souvent, on ne sait trop quoi penser. Certains y croient dur comme fer et ils ont raison. D'autres n'y croient pas du tout et ils ont raison aussi. En fait, il est tout à fait possible d'approfondir notre relation avec les étoiles pour affiner nos choix de vie mais il est également possible de prendre ses décisions en n'écoutant que soi-même. Tenir compte ou non de l'astrologie est un faux problème car la vie est dominée par une notion essentielle : le libre-arbitre. Autrement dit, quoique vous disent ou ne vous disent pas les étoiles, seuls vos actes engageront votre responsabilité et votre avenir...


    Cela étant dit, quelle est donc la meilleure attitude à tenir face à l'astrologie nous suggère les meilleurs livres d'astrologie ? Pourquoi est-elle à l'origine d'un tel engouement, surtout si l'on peut s'en passer sans problème ? Est-elle une science à part entière ou le résultat d'une douce rêverie engendrée par la contemplation d'un magnifique ciel nocturne étoilé ? L'astrologie est actuellement un véritable phénomène de société.

    L'astrologie est née lorsqu'on a utilisé l'astronomie comme instrument de divination. Depuis des milliers d'années, l'astrologie parcours le temps à nos côtés, s'inscrivant dans notre inconscient aussi sûrement qu'un discours génétique. Aujourd'hui avec l'astrologie populaire, les gens sont relativement peu nombreux à utiliser en profondeur leur thème astral. Néanmoins, si l'on regarde les horoscopes d'un oeil goguenard, il est hors de question de ne pas lire le sien chaque semaine, voire chaque jour.