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Livres et cie - Page 7

  • « La vie d’une autre » de Frédérique Deghelt

    vie-une-autre.JPGLa vie d’une autre est un très bon roman. Frédérique Deghelt profite d’une idée originale pour développer un roman qui tient la route autour des thèmes de l’amour, du couple, du temps qui passe, des attentes des jeunes femmes et comment le couple répond ou non à ces rêves.

    J’ai beaucoup aimé la manière dont la romancière exploite son postulat de départ, maintenant un suspense constant tout au long du récit. Le lecteur découvre en même temps que Marie ce qui s’est passé pendant ces années qu’elle a occultées. Après avoir cru à un mariage idéal, les failles apparaissent peu à peu. Et le lecteur ne peut s’empêcher de tourner les pages les unes après les autres, pour savoir, pour découvrir quel est ce mystérieux pacte qu’elle a passé avec Pablo. Et qu’est-ce qui lui est arrivé pour qu’un matin, elle se réveille avec une telle amnésie !

    Mais, car il doit y avoir un mais n’est-ce pas, je n’ai pas adhéré à l’ensemble des réponses qu’apporte Frédérique Deghelt. J’ai trouvé ses questionnements très justes, les interrogations qu’elle se pose sur l’amour, sur ce qu’il reste des attentes et des espérances d’une jeune femme après 12 ans de vie commune, surtout quand cette femme est une femme active et dynamique, à l’aube d’une brillante carrière professionnelle. Que reste-t-il d’un amour après tant d’années, après avoir mis au monde des enfants, alors qu’on s’était promis de ne jamais tomber dans la routine, qu’on s’était toujours lassée des hommes dès que ça devenait sérieux et que l’engagement était effrayant à tout point de vue. Ces questionnements sont intéressants mais je n’ai pas aimé la façon dont l’auteur y répond et, surtout, je n’ai pas aimé la solution que l’héroïne apporte à ses problèmes de couple. Je dois bien avouer que si je suis d’accord qu’il faut essayer de résoudre les conflits et les tensions dans son couple à tout prix et non pas se séparer à la première broutille, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, je ne pense pas non plus qu’on puisse tout pardonner ! Et j’avoue qu’il y a certains abus sur lesquels j’aurais du mal à passer l’éponge !


    La deuxième chose qui m’a gênée dans ce roman, c’est l’image traditionnelle qu’il renvoie que la vie idéale finalement, c’est le couple avec enfants. Surtout que tout semble un peu trop parfait. Non seulement Pablo et Marie sont fous amoureux, mais leur carrière professionnelle est parfaite, ils sont superbement beaux et réussissent à donner naissance à trois enfants parfaits. Et le must, c’est qu’ils concilient tout ça sans problème. Bref, une vie idyllique à laquelle on a du mal à croire ! Jusqu’à ce que tout s’enraye bien sûr …

    Bon à part ces deux choses qui m’ont moins convaincu, mais qui me sont tout à fait personnelles et relèvent totalement d’un parti pris, je dois reconnaître que je me suis retrouvée en présence d’un très bon roman dont la construction habile et l’écriture de qualité m’ont fait passer un excellent moment. Le coup de coeur a été raté, sans doute à cause d’une divergence de point de vue entre l’auteur et moi. Ca arrive ! Je vous le recommande toutefois sans réserve, d’autant plus qu’il a été un coup de cœur pour de nombreux lecteurs sur la blogosphère.

  • « Americana » de Don Delillo - fin

    don-dellilo-americana.JPGJe pense que le style de Don Delillo n’est pas étranger au fait que j’ai eu autant de difficulté à accrocher à ce récit.

    Seule la notion "d'ego trip" a accroché mon attention en fait.

    Les deux premières parties ne m’ont pas déplu mais j’ai quand même eu du mal à avancer dans la lecture tant l’écriture de l’américain est dense, fouillée et lourde. Il n’y a pas de temps mort, on n’arrive pas à reprendre sa respiration. Don Delillo alourdit son texte par une profusion de détails et de remplissages qui font que le lecteur finit par s’ennuyer et en avoir marre.

    Du moins, ça a été mon cas.

    Pourtant, l’histoire m’intéressait réellement, du moins pour ces deux premières parties. Quand on arrive dans la troisième partie, et son expédition dans l’ouest, tout devient flou. J’ai eu l’impression que le romancier devenait volontairement moins clair. On ne sait pas vraiment dans quel Etat des USA la fine équipe se trouve, qui sont ces personnes qu’elle rencontre ni même quel est le projet final de David, si il a vraiment l’intention de mener à bien sa mission professionnelle dans un premier temps. Même les noms des personnages, j’en arrivais à les confondre ! Et ce style toujours aussi opaque. Bref, les deux dernières parties n’ont pas été une partie de plaisir, la toute dernière sombrant carrément dans le n’importe quoi.

    J’avais lu pas mal d’avis divergents sur Don Delillo. Soit on déteste, soit on le vénère. Mais tous s’accordent à dire que ce n’est pas un auteur facile à lire, que ce soit pour son style ou pour ses chronologies atypiques. Je ne peux que confirmer mais je n’entrerai pas dans la catégories de ses fervents admirateurs. Ce n’est peut-être pas le roman idéal pour le découvrir, je ne sais pas, mais je ne suis pas très motivée à lire un autre de ses titres.

  • Chronique de : « Americana » de Don Delillo

    don-dellilo-americana.JPGVoici un roman, qu’une fois la dernière page tournée, je suis bien en peine d’exprimer le propos !

    Début des années 70, la guerre du Vietnam fait rage. David Bell est un jeune cadre New-Yorkais aux dents longues à qui tout réussit. A 20 ans, il avait épousé une jeune provinciale naïve, avec laquelle il a rapidement mené la grande vie avant de se lasser et de divorcer quelques années plus tard. Au niveau professionnel, il connaît une carrière fulgurante dans l’audiovisuel et, à 28 ans, fait déjà partie des pointures du Network où il travaille. Il habite Gramercy Park, un quartier huppé de New-York.
    Mais tout bascule le jour où il décide d’aller tourner un reportage sur les Navajos. Il part sur la route, dans un camping car avec quelques amis et va à la rencontre de l’Amérique profonde ou de la conquête de l’Ouest, quel que soit le point de vue où l’on se place !

    Malgré qu’il contienne quatre parties, je pense pouvoir scinder ce roman en deux. La première partie m’a paru interminable. M’attendant à ce que David Bell parte assez rapidement pour sa virée dans l’ouest, j’ai été assez surprise que ce départ n’intervienne effectivement qu’à partir de la page 239. Bref, après plus de la moitié du roman. Encore un exemple typique de quatrième de couverture assez trompeuse finalement. Surtout que cette première moitié traite dans un premier temps de la vie dans une grande entreprise américaine du début des années 70, quand les travailleurs ne pensent qu’à se faire des coups vaches pour faire virer les collègues et soi-même grimper les échelons de la réussite. Si au début, j’ai été assez intéressée, je me suis rapidement lassée des jeux de rumeurs de qui va être viré, qui couche avec qui et qui est homosexuel. Sans parler des pronostics sur les probables évictions en fonction des couleurs de porte ou de canapé dans chaque bureau ou de la combinaison de ceux-ci. Après cela, l’auteur revient en arrière dans la chronologie de la vie de David Bell et nous raconte son enfance et son adolescence au sein de sa famille dans une banlieue de New York.

    Vient ensuite cette fameuse partie que tout lecteur qui a acheté le roman en fonction de la quatrième de couverture attend. Et donc, nouveau saut dans la chronologie pour repasser après la première partie (j’espère que vous suivez ? ) David Bell part donc dans l’ouest avec des amis dans un camping car, pour tourner son fameux reportage sur les Navajos.

    Et c’est là que mon cerveau n’a plus suivi !!!! Tout d’abord, à part son amie sculpteur que l’on retrouvait dans la première partie, qui sont les autres ? Et pourquoi part-il avec eux dans le cadre d’un projet professionnel ? Bon, soit c’est moi qui avais déjà décroché ou alors la construction et le style de Don Delillo sont décidément trop complexes pour ma pauvre personne. Car à partir de là, j’ai de moins en moins compris ce qui se déroulait dans ce roman. La joyeuse équipe s’arrête dans un bled et décide de rester là quelques jours. Ils rencontrent des gens un peu paumés, que David fait tourner dans son film. Mais je comprenais de moins en moins.

    Bon, j’arrête là, pour ne pas vous raconter toute l’histoire. j’en serais de toute façon bien incapable.

     

     

  • Rendez-vous à Samarra – John O'Hara

    rendez-vous-samarra.JPGJohn O’Hara était un ami de Fitzgerald, alors je ne peux que l’aimer. A l’instar de ce dernier, John O’Hara fait partie des écrivains de cette génération perdue de l’Entre-deux et aborde les années noires des Etats-Unis, coincés entre la récession et la Prohibition.

    Dans Rendez-vous à Samarra, il peint la vie de la bourgeoisie d’une ville moyenne de Pennsylvanie, plus particulièrement celle de Julian English, fils de médecin et vendeur de voiture, marié à Caroline, faisant elle aussi partie de la haute. Un soir, devant tous ses amis, il balance un verre à la figure de Reilly, personnage riche et influent au sein du Country club. Commence alors une lente descente aux enfers pour Julian puisque sa famille – à commencer par sa femme Caroline – ne lui pardonne pas ce geste et que ses amis lui tournent le dos.

    La haute société américaine prend un nouveau coup avec ce livre qui ne la présente pas sous son meilleur jour : hypocrisie, lutte de pouvoir et d’influence… Tout est fait pour qu’en fermant le livre, le lecteur se dise qu’il ne peut compter que sur lui même, et non sur ses proches. Le livre se lit très vite, l’écriture est dynamique et précise, on ne s’ennuie jamais. John O’Hara a réussi à décrire la déchéance et l’isolement de Julian de manière très touchante.

    A lire !

  • Une brève histoire du tracteur en Ukraine, Marina Lewycka

    breve-histoire-du-tracteur.JPGCe n'est pas souvent qu'on met la main sur un livre à la fois délicieusement drôle, grave et enrichissant.

    En partant d'une situation cocasse (le père octogénaire follement épris d'une vamp venue de l'est en mini-jupe et faux seins), Marina Lewycka nous raconte les pérégrinations d'une famille ukrainienne (la sienne?) et sa survie sous Staline et pendant la guerre, tout en évoquant, chemin faisant, la situation des immigrés (de l'est en l'occurrence) aujourd'hui et celle de la Russie de l'après-communisme.

    Tout juste sorti en poche, Une brève histoire du tracteur en Ukraine ravira aussi bien les vacanciers désireux d'emporter du léger dans leurs valises que les autres (ceux qui restent!) en offrant des moments de franche rigolade en même temps qu'une réflexion sur des questions essentielles comme l'entente en famille, le troisième l'âge, les racines et l'expatriation ou encore le développement du communisme et du capitalisme...

    Réjouissons-nous de découvrir le second roman de Marina Lewycka, Deux caravanes, paraît-il tout aussi drôle et intéressant.

    « Une brève histoire du tracteur en Ukraine » par Marina Lewycka, J'ai lu.

     

     

  • Livre : La fin du progrès – Ronald Wright [2004]

    la-fin-des-progres.JPGIl est un débat qui devrait réunir la totalité de l’Humanité et, pour une fois, la faire parler d’une seule voix, c’est celui de son avenir sur Terre, comme en atteste des livres comme Pourquoi le monde n’existe pas, Markus Gabriel . C’est malheureusement loin d’être le cas, et c’est bien là le problème. Ronald Wright pointe du doigt, dans cet essai, l’incapacité de l’être humain à apprendre de ses erreurs, et nous rappelle que l’avenir est fragile.

    L’auteur prend deux exemples frappants qui font vraiment réfléchir. Le premier concerne la Mésopotamie, l’Irak actuel, dont la terre fertile a permis aux peuples de vivre abondamment pendant des siècles, avant de les condamner à l’exil. La raison ? Les hommes ont irrigué leurs champs en détournant les fleuves chargés en sel et ont rendu la terre aride en l’espace de quelques centaines d’années. L’écrivain ne blâme pas la population qui a inventé le système d’irrigation et qui ne connaissait donc pas son impact, mais il pointe du doigt les décisions politiques prises pour exploiter jusqu’à la moindre parcelle alors que le rendement agricole baissait.

    L’autre exemple est encore plus révélateur car les faits se sont déroulés dans un microcosme isolé : l’île de Pâques. Sur l'île vivait d’abord un petit peuple qui s’est accru, vers le IIIe millénaire avant J.C., avec des proportions difficilement soutenables pour une si petite terre. La civilisation s’est développée en utilisant sa seule ressource, le bois, mais en ne l’exploitant pas de façon pérenne, de telle sorte qu’à un moment… il n’y a plus eu de bois du tout. Plus de bois = pas de bateau pour pêcher, pas de machines pour travailler ni pour élever ces grandes statues. La surexploitation des ressources a anéanti cette civilisation. Ronald Wright consacre de longues pages à cet évènement, et l’explique de manière passionnante.

    L’essai est très intéressant par bien des aspects. Le sujet y est traité avec sérieux, les idées de l’auteur sont intéressantes. Argumenté, documenté, le texte est annoté à de nombreuses reprises, parfois pour citer la source mais le plus souvent, pour compléter l’information qu’il donne.

    Avec une écriture simple, Ronald Wright ne fait pas de l’écologie de comptoir en prédisant la fin du monde si on ne ferme pas l’eau en se brossant les dents, mais apporte une réflexion profonde sur cet avenir que l’on peut encore changer.

    Le plus important pour moi, c’est qu’il n’a pas ce discours culpabilisant que j’ai à de maintes reprises entendu et qui veut que notre lave-linge pille la nature et qu’on est des salauds quand on ne débranche pas la télé avant d’aller se coucher.

    Je vous conseille vivement la lecture de ce texte qui a le mérite d’aborder le problème écologique en se basant sur des faits incontestables, accompagnés par une réflexion et des idées terriblement justes. A lire !

     

    La fin du progrès, de Ronald Wright, éditions Naïve, 178 pages