La vie d’une autre est un très bon roman. Frédérique Deghelt profite d’une idée originale pour développer un roman qui tient la route autour des thèmes de l’amour, du couple, du temps qui passe, des attentes des jeunes femmes et comment le couple répond ou non à ces rêves.
J’ai beaucoup aimé la manière dont la romancière exploite son postulat de départ, maintenant un suspense constant tout au long du récit. Le lecteur découvre en même temps que Marie ce qui s’est passé pendant ces années qu’elle a occultées. Après avoir cru à un mariage idéal, les failles apparaissent peu à peu. Et le lecteur ne peut s’empêcher de tourner les pages les unes après les autres, pour savoir, pour découvrir quel est ce mystérieux pacte qu’elle a passé avec Pablo. Et qu’est-ce qui lui est arrivé pour qu’un matin, elle se réveille avec une telle amnésie !
Mais, car il doit y avoir un mais n’est-ce pas, je n’ai pas adhéré à l’ensemble des réponses qu’apporte Frédérique Deghelt. J’ai trouvé ses questionnements très justes, les interrogations qu’elle se pose sur l’amour, sur ce qu’il reste des attentes et des espérances d’une jeune femme après 12 ans de vie commune, surtout quand cette femme est une femme active et dynamique, à l’aube d’une brillante carrière professionnelle. Que reste-t-il d’un amour après tant d’années, après avoir mis au monde des enfants, alors qu’on s’était promis de ne jamais tomber dans la routine, qu’on s’était toujours lassée des hommes dès que ça devenait sérieux et que l’engagement était effrayant à tout point de vue. Ces questionnements sont intéressants mais je n’ai pas aimé la façon dont l’auteur y répond et, surtout, je n’ai pas aimé la solution que l’héroïne apporte à ses problèmes de couple. Je dois bien avouer que si je suis d’accord qu’il faut essayer de résoudre les conflits et les tensions dans son couple à tout prix et non pas se séparer à la première broutille, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, je ne pense pas non plus qu’on puisse tout pardonner ! Et j’avoue qu’il y a certains abus sur lesquels j’aurais du mal à passer l’éponge !
La deuxième chose qui m’a gênée dans ce roman, c’est l’image traditionnelle qu’il renvoie que la vie idéale finalement, c’est le couple avec enfants. Surtout que tout semble un peu trop parfait. Non seulement Pablo et Marie sont fous amoureux, mais leur carrière professionnelle est parfaite, ils sont superbement beaux et réussissent à donner naissance à trois enfants parfaits. Et le must, c’est qu’ils concilient tout ça sans problème. Bref, une vie idyllique à laquelle on a du mal à croire ! Jusqu’à ce que tout s’enraye bien sûr …
Bon à part ces deux choses qui m’ont moins convaincu, mais qui me sont tout à fait personnelles et relèvent totalement d’un parti pris, je dois reconnaître que je me suis retrouvée en présence d’un très bon roman dont la construction habile et l’écriture de qualité m’ont fait passer un excellent moment. Le coup de coeur a été raté, sans doute à cause d’une divergence de point de vue entre l’auteur et moi. Ca arrive ! Je vous le recommande toutefois sans réserve, d’autant plus qu’il a été un coup de cœur pour de nombreux lecteurs sur la blogosphère.