Jean-Marie Gustave Le Clézio (abrégé J.M.G. Le Clézio) base l'histoire de son roman Ourania, paru en 2005, sur deux cités idéales ayant réellement existé au Mexique et qui y avaient été édifiés peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui ont disparu depuis: Santa Fe de la Laguna qui s’inspirait de l’oeuvre L’Utopie (1515) de Thomas Moore et une autre basée sur la Jérusalem céleste qui avait été installée par des Jésuites.
C’est sur cette histoire que J.M.G. Le Clézio se base pour nous raconter l’histoire d’un géographe Daniel Sillitoe (dont le nom fait penser à Daniel Defoe et donc à son personnage de Robinson Crusoé qui lui aussi avait construit un monde idéal sur une île abandonnée) face deux utopies en train de déliter inéluctablement. Emprunt d’une forte nostalgie ce conte philosophique nous relate comment la force des choses et le dure poids des réalités finit toujours par briser les rêves des hommes. Dès qu’il découvre ces deux sociétés, Daniel Sillitoe sait déjà qu’elles ne pourront pas survivre. Le narrateur en gardera cependant le rêve, signe d’espoir, bien plus important finalement que la réalité. J.M.G. Le Clézio s’attaque ainsi violemment à la guerre, la cupidité et l’égoïsme des hommes, l’exploitation des enfants et des femmes par un monde mercantile et industriel, tous responsables de la chute de ces idéaux.
Comme souvent dans son oeuvre, J.M.G. Le Clézio aborde également les rêves d’enfants, notamment celui d’un monde merveilleux Ourania, nommé ainsi après la muse Uranie qui présidait les sciences célestes dans la mythologie grecque, qui deviennent une quête pour ces héros et qu’ils retrouveront le temps d’un instant au bout d’un long voyage.
Ourania est écrit dans un style simple et très poétique, toujours fascinant.
Ourania est une invitation au voyage dans un monde où les rêves même s’ils sont fragiles et éphémères peuvent être possibles.
Un très beau livre !