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Livres et cie - Page 2

  • Chronque du livre : Sommes-nous si différents ? de Nina Leroy

    sommes nous si differents.JPGLe livre de Leroy est une plongée audacieuse dans la question universelle de ce qui nous rend humains. En explorant différents aspects de notre existence, tels que notre cognition, nos émotions et notre conscience, l'auteure réussit à démystifier les idées préconçues et les stéréotypes qui maintiennent souvent une frontière artificielle entre les individus. À travers des exemples concrets et des études scientifiques, Leroy nous montre que nos similitudes sont bien plus profondes que nos différences.

    L'importance de l'empathie

    L'un des points forts de ce livre est la manière dont Leroy aborde le concept d'empathie. Elle explore les différentes facettes de cette capacité émotionnelle et nous pousse à la pratiquer davantage dans notre vie quotidienne. Selon l'auteure, l'empathie est le fondement de notre compréhension mutuelle et de notre harmonie sociale. En nous incitant à développer notre capacité à ressentir ce que les autres ressentent, Leroy démontre que nous avons tous la capacité d'aller au-delà de nos différences superficielles pour créer des connexions sincères et significatives.

    ce livre est une réflexion profonde sur notre société

    En décrivant les effets néfastes des préjugés et de la discrimination, Leroy soulève des questions sociétales cruciales. Elle nous pousse à examiner de plus près les conséquences de notre refus de reconnaître notre interconnectivité en tant qu'êtres humains. En faisant face à ces problèmes de front, elle propose des solutions concrètes pour surmonter ces divisions et créer un monde plus inclusif et tolérant.

    Conclusion :

    "Sommes-nous si différents ?" est un livre qui invite à la réflexion et qui ouvre des horizons sur notre capacité à nous comprendre mutuellement. Nina Leroy nous pousse à remettre en question nos croyances et nos préjugés, pour nous aider à construire un avenir où nos différences ne sont plus des barrières, mais des atouts qui enrichissent notre humanité commune.

    Cet ouvrage captivant est un must-read pour tous ceux qui souhaitent développer une compréhension profonde de la nature humaine et qui aspirent à bâtir un monde plus solidaire. Préparez-vous à être transporté dans une réflexion profonde et inspirante qui pourrait bien changer notre façon de voir la diversité. 

    Sommes-nous si différents ?  de Nina Leroy 

  • Chronique des livres : Globalia et Rouge-Brésil - Jean-Christophe Rufin

    Globalia - Jean-Christophe Rufin - 2004

    Des forêts vierges intactes, pas de voitures ni aucune sorte de pollution, prospérité, paix et liberté pour tous. Tel est Globalia, la démocratie parfaite.

    Jean-Christophe Rufin nous décrit une utopie brillante, riche; une utopie dédiée à la liberté, loin du 1984 de George Orwell, si sinistre, pauvre et totalitaire. Cependant Globalia nous montre comment la liberté et le libéralisme dans nos riches démocraties peuvent s'avérer tout aussi totalitaires que le monde décrit dans 1984.

    Au premier abord, Globalia est un monde idéal: protégé sous leur bulle de verre, les citoyens de cette société peuvent faire ce qu'ils veulent, que ce soit glander ou travailler, peu importe, de toute façon l'Etat paye pour tout. Le soleil brille sans cesse, laissant tomber la pluie qu'à des jours choisis.  Même la mort a été repoussée grâce aux progrès de la médecine. Mais tout cela a un prix: la surveillance totale. Tout ce qui peut gêner, mettre en danger cette société doit être éliminé. Surveillance totale pour une sécurité totale, car la sécurité devient l'une des choses les plus importantes de cette démocratie totale et libérale, au même niveau que la liberté et la prospérité.

    Pourtant au-délà de Globalia existe des non-zones, qui n'ont pas été intégrés dans cette société parfaite, des zones régis par la pauvreté, la guerre civile et l'anarchie. Malgré tout cela, l'héros du livre, Baikal, veut fuir Globalia pour se retrouver dans ces non-zones. La liberté globalienne ne lui suffit plus, tout lui semble suspect, surtout le grand mal qui y sévit selon les autorités, le terrorisme. En effet afin que tout cela tienne ensemble, il faut un ennemi, et si on n'en a pas ou plus, il faut en inventer un. Baikal sera petit à petit aidé par les autorités pour devenir terroriste, et ainsi la plus grande menace de Globalia, tout en apparences biensûr.
     
    Hélas, en lisant ce livre on se rend compte que notre société n'est plus très loin de ce monde totalitaire. Nos dirigeants utilisent le terrorisme aux même fin, en France un ministre a déclaré que la chose la plus importante pour la démocratie est la sécurité (au lieu de la liberté) en Alsace.

    Le roman de Jean-Christophe Rufin, malgré certaines longueurs (l'auteur fait beaucoup de détours pour amener son intrigue), et un suspense qui ne tient pas toujours, vaut vraiment la peine d'être lu. On y trouve également beaucoup de références, notamment à 1984 de Georges Orwell ou à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Pour un premier roman de science-fiction, Rufin entre en force dans ce genre.

     

    Rouge-Brésil - Jean-Christophe Rufin - 2001

     

    La conquête du Brésil par les Français est un des épisodes les plus extraordinaires et les plus méconnus de la Renaissance. Deux enfants, Just et Colombe, sont embarqués de force dans cette expédition pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes...
     
    Cependant la colonie va mal tourner, les intérêts vont diverger, l'autorité du commandant, le Chavalier de Villegagnon, sera mise en doute. La fatigue, la faim, les maladies vont définitivement mettre à terre le moral des troupes.
     
    Le Chevalier de Villegagnon fait alors venir des prêtres calvinistes, espérant que leur rigueur et austérité fera à nouveau avancer les travaux de la colonisation. Cependant les colons vont alors choisir leurs camps, entre les catholiques et les calvinistes, et les conflits vont commencer très sérieusement.
     
    Le roman tient du roman historique mais est surtout une métaphore en miniature de l'histoire de la colonisation et des guerres de religion. Il y est également décrit la perte des valeurs humaines pour ces hommes si loin de leur civilisation, et confrontés au monde sauvage, cruel et aussi sensuel de la nature. La colonisation européenne, malgré toutes ses bonnes volontés, va s'avérer sanglante et s'opposer au monde harmonieux de la nature et des indiens. Le choc des mondes et des civilisations sera fatal.
     
    Jean-Christophe Rufin a obtenu et mérité le Prix Goncourt en 2001.

  • Kwest et Eine Billion Dollar , Andreas Eschbach

    Kwest (Quest) - Andreas Eschbach - 2001

    Le royaume interplanétaire est en danger d'être envahi par l'Empereur des Etoiles, un mystérieux empereur dont on dit qu'il est immortel. Eftalan Quest, commandant du Megatao, est envoyé par le Roi sur une mission bien mystérieuse, qui consiste à retrouver La Planète de l'Origine, de là où est parti toute vie dans l'univers de Millas. Or dans quel but?  De là commence la quête de Quest qui l'emmènera à la rencontre d'espèces intelligentes non-humaines, des palnètes inconnus, l'immortalité.

    "Quest" est magnifique space-opera.  Eschbach fait preuve de beaucoup d'imagination, dans ce récit, que l'on peut même qualifier de récit initiatique, de tout un équipage. "Quest" se passe dans une ère d'avant "Des milliards de tapis de cheveux", mais dans le même univers. De plus, chose rare, Eschbach s'en sort sans le méchant de service. Les actions de chaque protagoniste sont expliqués par ses intérêts divergents. De plus le récit est vu par plusieurs personnages différents à la fois.

    Seul défaut est que le roman est parfois teinté d'un peu de naïveté, le tout reste toujours dans une ambiance bonne enfant. Cependant, Eschbach nous fournit là une oeuvre très complète qui ravira tous les fans de science-fiction et plus particulièrement de space-opera. Ce roman est d'ailleurs selon moi l'un des meilleurs de Eschbach (avec "Des milliards de tapis de cheveux", qui est toutefois encore bien meilleur)

    Petit bémol pour les francophones, je ne pense pas que la version française soit d'un bien haut niveau (même si je ne l'ai pas lu). Le titre et le nom du personnage ont été changé de Quest en Kwest (Quest venant de l'anglais et voulant dire quête, car il s'agit bien d'une quête dans ce roman, alors que Kwest ne veut rien dire du tout.)

    Eine Billion Dollar - Andreas Eschbach - 2001

    John Salvatore Fontanelli, fils d’un cordonnier new-yorkais, et livreur de pizzas de son métier, hérite de façon totalement inattendue une fortune, qu’un aïeul très éloigné, un commerçant florentindas du 16e siècle. Une fortune immense qui, dû aux intérêts, depuis 500 ans va faire de son héritier de loin l’homme le plus riche au monde, avec plus d’un billion de dollars. Fontanelli cependant va également hériter d’une prophétie. Selon le testament du commerçant florentin, cette fortune rendra à l’humanité son avenir perdu.

    Andreas Eschbach, plus connu pour ces romans de science-fiction, nous livre ici d’un point de vu de son intrigue, un roman très original et sans équivalent selon moi. Il s’agit ici d’un roman parlant beaucoup d’argent, ce que c’est que l’argent, ce quue ça vaut ce que ça rapporte, mais surtout, ce que ça veut dire, de l’argent.
     
    Un thriller économique, plutôt macroéconomique, qui évoque le rôle de l’argent dans le fonctionnement de ce monde, dans lequel nous vivons, et comment, si possible, sauver ce monde, afin de rendre à l’humanité son avenir.

    Un roman plein de savoir, apporté avec simplicité et grande efficacité. Hélas le tout est un peu long, beaucoup trop long. Eschbach consacre beaucoup de temps à expliquer, voir à répéter afin que tout le monde comprenne, et cela parfois au détriment du suspense de l’intrigue. Il est également à noter que les personnages sont un peu simples et manquent d’originalité.

    Malgré ces défauts, ce livre, toujours pas traduit en français, mérite d’être découvert, pour son originalité et pour son sujet.

  • Avis sur : Hypérion et La chute d'Hypérion , de Dan Simmons

    Hypérion (Hyperion) - Dan Simmons - 1989

     

    Sur Hypérion, lointaine planète de l'Hégémonie, les Tombeaux du Temps, mystérieuses sépultures fermés dans le futur et voyageant dans le sens inverse du temps, sont sur le point de s'ouvrir. On craint que le "Shrike" ("gritche" en français), objet de culte pour certains, de pure terreur pour d'autres, ne se mette à faire des ravages. Les habitants veulent fuir, car il paraît de plus que les "Ousters" ("Extros" en français) veulent s'emparer de la planète.Sept pèlerins y sont envoyés par la sainte Église du "Shrike" afin de sauver l'Univers menacé. Cependant parmi eux se trouverait un traître.

    Tous ont eu un contact avec le Shrike, qui semble être la clef de tout, alors que tout le monde le voit si différemment.

    Dan Simmons connaît bien la science-fiction, très bien même. Hyperion rassemble de très nombreux éléments très divers de science-fiction sous forme d'un magnifique space-opéra. L'histoire ne s'arrête d'ailleurs pas là. Ce n'est que le premier de deux volumes constituant la saga d'Hypérion, prolongée par la saga en deux volumes d'Endymion.

    Dans ce premier volume, Dan Simmons arrive à admirablement bien adapter son style en fonction des différents récits. Récit de guerre, ou récit science-fiction type Matrix, récit policier, voir récit théologique (récit du lettré qui s'accompagne d'une réflexion sur le dilemme d'Abraham). Chaque pélerin raconte son histoire à sa façon (le récit du poète est particulièrement réussi). Dan Simmons mélange ainsi de nombreux genres de science-fiction pour donner un réel chef-d'oeuvre.

    Hélas, Dan Simmons récupère également certaines tares de la science-fiction. Ainsi dans ce roman de nombreux personnages du passé cités sont quasi tous anglophones et datent du XXe siècle. Tout ce qui réfère à notre époque semble hautement douteux et irréfléchi.

    Cependant Hypérion et sa suite La Chute d'Hypérion (The Fall of Hyperion, 1990) est un des tous grands chef-d'oeuvres de la littérature de science-fiction.

     

     

    La chute d'Hypérion (The Fall of Hyperion) - Dan Simmons - 1990

     

    Deuxième et dernier tome du cycle d'Hypérion.
     
    Hypérion est sur le point de devenir le champ de bataille contre les "Ousters" ("Extros" en français). Cependant si Hyperion et ses labyrinthes est la planète de toutes les convoitises, elle concentre parallèlement toutes les craintes. Tel un dieu impuissant, Joseph Severn, un cybride, perçoit l'intégralité des événements autour d'Hypérion sans pouvoir les infléchir, puisqu'il côtoie Meina Gladstone, présidente de l'Hégémonie  la journée et partage en rêves la vie des pèlerins durant ses nuits. Dès lors l'histoire est écrite par une succession de drames humains, d'épreuves titanesques dont seule l'improbable réussite peut sauver la société humaine.
     
    La chute Hypérion est la suite que méritait Hypérion. Particulièrement surprenant et captivant, l'ouvrage devient de plus en plus passionnant au fil des pages. Il atteint son point culminant lors d'un dénouement qui explore un nouveau thème majeur de la SF, en nous donnant à réfléchir sur l'asservissement de l'humanité à ses machines et à sa technologie, et sur sa perte d'indépendance qui compromettrait sa survie en cas de crise. Il étonne par son intelligence. Les forces décrites dans le récit sont toujours utilisées à bon escient, la mise en situation parfaitement aboutie. Chaque personnage joue son rôle à la perfection, respectant sa propre logique sans pour autant omettre une part de mystère.
     
    Le cycle d'Hypérion marque par sa perfection, son aboutissement qui se révèle dans le fait que l'auteur a réussi à créer un univers autour d'une problématique. Vue d'ensemble le cycle d'Hypérion présente un récit très varié, très complet et d'une très haute qualité. Le lecteur bascoule sans problème dans cet univers et en dévore impatiemment les pages pour en percer les mystères.
     
    Cependant beaucoup des mystères ne seront que révélés lors du cycle d'Endymion, composé lui aussi de deux tomes.
     
    Le cycle d'Hypérion est une référence à ne pas rater !

  • Les deux consciences - Camille Lemonnier - 1902

     

     

    Camille Lemonnier y décrit comment l'écrivain Wildmann (Wildmann = homme sauvage en flamand) s'oppose au système rigide de cette justice inquisitrice qui se veut gardienne de la morale (dans le texte "... l'auteur n'a qu'à écrire en fonction de la morale en cours...").
     
    De plus Camille Lemonnier sait parfaitement de quoi il parle. A l'époque de nombreux écrivains seront attaqués par la justice en Belgique et aussi en France, dont Lemonnier lui-même.  L'enfant du crapaud (1888) le fera poursuivre par le parquet de Paris. L'homme qui tue les femmes (1893) le fera poursuivre par le parquet de Bruxelles, et L'homme en amour (1897) le fera poursuivre par le parquet de Bruges (signalons que la ville imaginaire de "Portemonde" n'est autre que Bruges; indications diverses dont la fameuse "Portemonde-La-Morte", allusion au célèbre livre de Rodenbach Bruges-La-Morte). Citons qu'à la même période, Georges Eekhoud accumulera, pour ses livres aux descriptions aux tendances homosexuelles à la fois les prix et les procès.
     
    Les deux consciences est pour moi l'un des meilleurs romans de Camille Lemonnier, qui n'hésite pas à utiliser le l'humour, mélangé au grotesque at à l'absurde, pour nous raconter cette tragédie.

     

     

     

     

     

  • Avis sur   le livre de  Philippe Besson,  un homme accidentel

    Son personnage principal est le portrait typique d'un Monsieur-Tout-Le-Monde. Flic à Los Angeles, il mène une vie semblable à tellement d'autres, marié, une femme enceinte, un boulot pas trop encombrant, bref, la routine. Il n'a pas l'étoffe d'un modèle, il n'en a pas le courage, ou peut-être lui manque-t-il seulement la volonté. Le portrait type de l'antihéros qui arrive là par hasard, à qui il ne viendrait pas à l'esprit de remettre en cause l'ordre établi. 

    Et puis, il y a ce meurtre, dans les rues tranquilles de Beverly Hills, des rues aux maisons surprotégées par des caméras de surveillance et des milices privées. Bref, le genre de quartier résidentiel communautariste replié sur lui-même qui ferait fuir n'importe quel voleur. Mais voilà, il y a ce corps, celui de Billy Greenfield, retrouvé mort sur les belles pelouses de Crescent Drive. Un pauvre gars, lui. Prostitué, drogué. Est-ce que la routine de notre flic s'en trouve bouleversée ? Non, pas vraiment. « je n'aurais pas sauvé Billy Greenfield si j'avais croisé sa route plus tôt. Du reste, je n'en ai sauvé aucun ».

    Mais il y a le moment décisif, l'instant où tout bascule. Le carnet de la victime, où apparaît le nom de Jack Bell, enfant-star adulé, tombé dans l'oubli après un scandale, maintenant en comeback. En pleine heure de gloire. Et l'entrevue du flic avec la vedette.

    Voir en cela la page PageIutnotes

    Avec ça, l'explosion des sentiments. L'animalité des passions, qui, depuis des années, attendait le moment propice pour apparaître, mais restait terrée dans un coin, sous la pression des conventions, du conformisme. Un regard trop appuyé, un silence trop long, une poignée de main qui s'éternise, et l'esprit est bousculé, rejeté dans ses derniers retranchements.

    « il est des choses qu'on ne décide pas. Des événements qu'on ne voit pas venir. Et quand ils se produisent, ou sont au bord de se produire, il est déjà trop tard. »

    Ce n'est pas l'histoire d'un coming-out. C'est celui d'une passion. Une passion enivrante, mais destructive. Loin du stoïcisme qui avait caractérisé sa vie, à présent débarrassé du mutisme qui censurait ses désirs, notre héros se jette à corps perdu dans ce qu'il avait toujours cherché, finalement. Un instant d'abandon.

    « Notre propre perversité, souvent, on ne la mesure pas, elle nous échappe ». Parce qu'il vit cette histoire comme une délivrance, notre flic de L.A, qui plonge dans l'inconnu, tâte le terrain, fait des erreurs, fait mine d'ignorer les indices qu'il laisse derrière lui. Ainsi, il présente Jack Bell à sa femme, et sa mère même, qui comme si elle l'avait toujours su, laisse faire. L'expérience est salvatrice. Elle libère les frustrations, rétablit une vérité, refoulée.

    Les deux tourtereaux s'en vont, à Monterey, faire une virée, loin de la ville, des lumières. C'est l'abandon, l'un à l'autre, abandon de ses propres croyances aussi. Le bousculement des conventions. Ils font l'amour, se découvrent l'un l'autre.

    Mais une fois le fantasme réalisé, une fois l'expérience vécue, le bonheur de la première fois évaporé, il faut bien retourner à la réalité, cette réalité telle qu'on l'avait conçue, avant. Avant le basculement. Les choses d'après ne sont pas si faciles à accepter.

    Voir l'article sur un artisan

    « la vérité, c'est qu'il ne fallait pas faire beaucoup d'efforts pour comprendre ce qui était en train d'advenir, mais qu'il fallait en faire énormément pour l'admettre ».

    Mais voilà, la machine est lancée, l'éphémère du fantasme était un mensonge. La passion vous ronge les sangs, vous pousse à la folie. Renier ses valeurs, abandonner son foyer, oublier son cocon pour « aller plus loin ». Notre héros s'écorche devant l'absence, s'automutile avec des pensées dévastatrices. L'absence le détruit. Retrouver l'ivresse, voilà ce qu'il veut.

    Et en arrière-plan, le meurtre, toujours irrésolu. L'investigation qui progresse. Au fond, on sait que Jack Bell est lié d'une manière ou d'une autre à ce meurtre. Notre question de lecteur est de savoir comment la passion va survivre à ça ! Va-t-elle se fondre dans l'inacceptable, ou se briser devant l'inavouable ?

    Chez Philippe Besson, la trame, au final, importe peu. Les lieux, les actions, tout n'est que prétexte à mettre en place les personnages. On gratte la surface, pour voir de quoi sont capables les êtres humains en temps de crise, de « basculement ». Ce n'est pas l'histoire d'une enquête policière, c'est l'histoire de deux personnes face à cette enquête. Leurs réactions, leurs tâtonnements, leurs conflits égotiques. Jack Bell, l'enfant-star, à son heure de gloire, mais dont les silences, les hésitations, traduisent un mal-être évident « il prétendait que la gloire soudaine et précoce peut détruire plus facilement qu'un revolver pointé sur une tempe ». Le flic de L.A, avec une enfance dramatique, une tentative échouée de construire sa vie sur une stabilité fantasmagorique, qui se rattache à une existence conventionnelle pour lutter contre des désirs qu'il n'écoute pas, au risque de basculer...

    Un roman sans happy end. Philippe Besson n'en fait pas trop. Il a distillé un instant de vie, l'a plongé dans l'acide sulfurique, et l'observe au microscope. 

    Cette lecture n'a rien d'accidentelle, foncez droit dedans. 

        Philippe Besson,  un homme accidentel   ,  Editions Julliard, 2008     244 pages, 19E