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avis sur : La petite chartreuse de Pierre Péju

pierre.JPGLa paisible vie de Vollard, libraire de son état, chavire le jour où il renverse une fillette, Eva, qui, ne trouvant pas sa mère à la sortie de l’école, panique et s’enfuit en courant dans les rues d’une ville aux alentours du massif de la Chartreuse. Il ne peut éviter la petite Eva qui se jette littéralement sous les roues de sa camionnette. La jeune fille se retrouve dans le coma.

 

Doué d’une mémoire hors du commun, Vollard se rend régulièrement à l’hôpital, au chevet d’Eva pour lui réciter des chapitres entiers des plus grands romans de la littérature. La petite fille n’a d’ailleurs pas d’autres visites que celles du libraire si ce n’est les rares et fugaces passages de la mère.

Eva finalement sort du coma mais demeure muette, comme les religieux de l’ordre chartreux qui en ont fait le vœu. La vie de la fillette plonge un peu plus dans l’isolement : isolement dans cet hôpital du massif de la Chartreuse, isolement par mutisme, isolement familial - la mère qui ne peut affronter ce drame et s’enfuit dans une autre ville, laissant sa fille aux bons soins du libraire.

Vollard passe tout son temps dans le massif de la Chartreuse avec la fillette et ne se rend qu’épisodiquement dans sa librairie nommée le verbe être. Justement, le roman de Pierre Péju évoque les immenses difficultés des personnages à être. La littérature serait un vecteur qui pourrait nous aider à vivre selon l’écrivain. Les mots des écrivains n’ont-ils pas aidés à faire sortir la petite fille de son coma ? Cependant ils n’empêcheront pas sa mort. Mort qui résonne avec l’incendie de la librairie au cours duquel tous les mots des livres partent en fumée.

La petite chartreuse a obtenu le prix du livre Inter en 2003.

 

Pierre Péju, La petite chartreuse, Gallimard, 2002, 179 p.

 

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