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Naissance d'un pont - Maylis de Kerangal

pont.JPGTout avait pourtant mal commencé avec ce livre Naissance d'un pont. Les premières pages me laissent une impression désagréable et je me dis alors que le roman ne va pas me plaire. Les phrases sont longues, très longues, et le style est tellement ampoulé qu’il gêne la lecture. Et puis, étrangement, une fois le prologue passé, les choses s’améliorent. Elles s’améliorent même beaucoup puisque le roman a réussi à me captiver d’un bout à l’autre.

L’histoire est donc celle de la construction d’un pont. Une ville imaginaire au nom d’une célèbre boisson gazeuse, Coca, qui amène à elle toute une population en quête de travail. Ouvriers, cadres, soudeurs, grutiers, ingénieurs arrivent par flots pour profiter de cette opportunité qu’offre le nouveau pont. Une épopée donc. Parmi toute cette masse de travail en mouvement, nous suivrons une dizaine de portraits auxquels il est difficile de ne pas s’attacher.

« A présent donc, la lumière est de retour. Elle gicle au détour d’une poutre, d’un caisson, ricoche sur les rivets, et quand un rayon de soleil passe à travers les charpentes et tape dans les visages, c’est l’aveuglement, c’est le corps qui vacille. »

Un des intérêts du roman Naissance d'un pont réside dans le sujet traité. On découvre les difficultés - parfois faramineuses – qui se cachent dans la construction d’une telle ampleur : prouesse technique de l’ouvrage, conflits humains au coeur du chantier, combat écologiste des défenseurs de la nature, propriétaires de ferry-boats voyant d’un mauvais oeil cette nouvelle construction qui menace leurs petites affaires… les difficultés ne manquent pas et les ennemis non plus. L’auteure évite la lourdeur d’un tel sujet en passant d’un protagoniste à l’autre sans jamais perdre son lecteur. De fait, c’est à une fresque humaine que nous assistons. Les passions qui s’animent, les corps qui se dépassent, qui trinquent, qui s’aiment ou qui se heurtent, c’est la vie exacerbée qui se montre tandis que l’on relie les deux rives.

Mais à côté du sujet, le grand atout du livre réside dans son écriture. Une écriture dense et foisonnante, mais terriblement belle. Le tout est très travaillé, parfois peut-être trop (?). Pas de naturel ici, chaque mot est pesé, placé, pensé, rien n’est laissé au hasard. Rien à voir avec un premier jet ! C’est même tout l’inverse. Reste que si cette écriture est parfois agaçante, car elle peut paraitre prétentieuse, on ne peut nier que l’auteure écrit bien. Très bien même. C’est beau, c’est poétique, c’est une écriture qui vous transporte, et cela, sur plus de 300 pages !

Naissance d'un pont - Maylis de Kerangal, folio gallimard

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