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  • Critique : Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel

    La guerre 1914-1918 et le Nord des ‘Ames grises’ se sont évaporés. Dans ‘Le Rapport de Brodeck’, les contours du temps sont vaporeux, l’espace incertain. Car plus qu’un roman, l’oeuvre est une fable universelle dans laquelle on ne nomme jamais vraiment. On pense à la Shoah, à l’Est de la France mais plus encore à toute l’histoire humaine, que raconte ce bon livre d'histoire contemporaine .

    Brodeck écrit son rapport, expire sa vie sur le papier, Claudel, son obsession du mal qui possède et qui ronge. Derrière chaque phrase, c’est le monde qui déborde : cruel, absurde, abjecte. Les âmes grises sont devenues noires. Damnées ? La guerre est un état permanent de l’humanité. A la descente aux enfers succèdent des tentatives désespérées de revenir à la vie, des lueurs d’espoir.

    ‘Le Rapport de Brodeck’ devient bien vite le miroir d’une société dans lequel on se regarde la gorge nouée et les poings serrés. Comme le narrateur, on y voit l’autre. L’autre, l’étranger. L’autre, l’ami. L’autre, l’amour. Et l’on comprend que l’altérité unit et désunit. Passé maître dans l’outil romanesque, Claudel glorifie le propos par une construction virtuose. De l’ouverture si mystérieuse à la fin subtile, le conteur humaniste fait défiler nombre de personnages, multiplie les ruptures narratives, remonte le temps, entrelace ses récits mais jamais ne s’égare. D’ailleurs ce n’est pas Claudel qu’on lit, c’est Brodeck et la confession de ses souvenirs prégnants. Tout est si fluide. Et c’est donc à Brodeck que l’on associe cette plume parfois trop métaphorique et ses évidences naïves.

    ‘Le Rapport de Brodeck’ submerge. Il fait appel aux sens et à la chair. Se lit et se vit. Un roman majeur.

     

    Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel, 

    Editeur : Stock
    Publication :22/8/2007