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  • Littérature Fantastique : Terrienne de Jean-Claude Mourlevat, Gallimard

    terriene.JPGAnne fait du stop au bord d’une route d’Auvergne. Étienne Virgil, vieil homme mélancolique, s’arrête et la conduit à sa demande jusqu’au panneau indicateur pointant vers « Campagne 3,5?. Anne est à la recherche de sa sœur, disparue une année plus tôt le soir de son mariage, et ce panneau est le seul indice qu’elle possède. Cette mystérieuse route est un passage, une ouverture vers un autre monde, un monde parallèle blanc, aseptisé, glacial peuplé de créatures humanoïdes dénuées de sentiments, d’ êtres qui ne poussent pas un soupir, qui ne respirent pas ! Avec l’aide d’Étienne, Anne va découvrir qu’un étrange trafic prend place entre les deux mondes: les dignitaires font enlever des terriennes pour en faire leur compagne et Gabrielle, sa sœur, est retenue prisonnière quelque part dans cet étrange univers.

    Étrange, poétique, effrayant, les mots me manquent pour parler de mon premier voyage dans l’univers de Jean-Claude Mourlevat. Une promenade que j’ai effectué d’une traite, non-stop, le temps d’un après midi tant j’ai été émerveillée et époustouflée par Terrienne.

    La société de l’autre monde décrite par Jean-Claude Mourlevat est une communauté froide, pesante, sans vie. Tous les plaisirs y sont proscrits, l’individu y est programmé dés sa naissance, manipulé par ceux qui ont le pouvoir. Dans ce monde, on ne meurt pas: on cesse de vivre tout simplement. L’individu s’assoie, s’ennuie, ne bouge plus et est emporté loin des regards pour être incinéré et disparaître. Les humains y sont considérés comme des créatures inférieures, dangereuses car sales et porteuses de microbes. Et surtout, ils respirent.

    La jeune Anne est donc en constant danger dans ce lieu où le moindre soulèvement de poitrine, le moindre soupir, le moindre souffle peut vous conduire tout droit à la mort. Malgré la peur et la solitude, l’adolescente est prête à tout pour retrouver sa grande soeur, pour répondre à son appel au secours qui a résonné à travers les ondes hertziennes. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : eux aussi risquent leur vie à aider cette humaine. Contrairement au monde blanc et indifférent dans lequel ils évoluent, ils se montrent incroyablement attachants, terriblement libres et humains.

    Sur fond de Barbe Bleue et de Somewhere Only We know de Keane, Jean-Claude Mourlevat nous balade d’un personnage à l’autre, passant d’un narrateur, d’une pensée à une autre. Bien que tous différents, tous les protagonistes ont un point commun: celui de vouloir vivre, être libre et aimer malgré le monde auquel ils appartiennent. Terrienne est une histoire très bien construite, un récit émouvant mêlant aventure et suspens, espoir, peur et instants de bonheur, c’est un rêve qui vire au cauchemar.